Quelle (s) alternative (s) à Lightroom ?

J’utilise Lightroom pour stocker, organiser et traiter les photos, quelle que soit la source : scan de film, ou numérique. Lightroom est un très bon logiciel, mais qui ne tourne pas sous Linux. Utiliser Lightroom, c’est donc se restreindre à Mac ou Windows. Mon ordinateur actuel est vieux (environ 8 ans), de plus en plus lent et va finir par me lâcher. Le remplacement arrive. Mac ou Linux ? Si j’arrive à trouver une alternative fiable à Lightroom, Linux. Sinon, je resterai avec Mac.

La grande force de Lightroom, c’est d’avoir su combiner un ensemble d’activités au sein d’une même interface, tout en restant utilisable et intuitif. Passage en revue des fonctionnalités qui forment mon usage: bibliothèque, édition, publication.

1- Bibliothèque. L’utilisation principale de Lightroom, c’est déjà sa capacité à organiser des photos. Dans mon cas, c’est environ 250 GO de photos, allant du Jpeg en sortie de smartphone (environ 2MO) au scan de plan-film 4x5 (autour de 300 MO sans forcer sur la résolution), pour un total de 20000 photos dans la base. Tous ses fichiers sont présents dans l’arborescence (même les arborescences puisque je réparti sur plusieurs disques les répertoires et fichiers pour pallier la pénurie d’espace …), et lus quel que soit leur format (jpeg, Raw constructeur, Tiff). La bibliothèque permet d’attribuer des métadata aux images (tags, titres, descriptions …), et surtout, de classer des photos en collections et sous-collections. La collection est un outil qui me semble indispensable pour éditer des ensembles, pour construire des séries.

Lightroom Screenshot

2- Edition. Différents type de fichiers doivent pouvoir être lus: du jpeg de sortie de smartphone, du Raw constructeur (Nikon, Panasonic), du TIFF de scanner et du Raw DNG de scanner (sortie du Epson V700 via VueScan). L’édition ensuite se concentre sur quelques outils: re-cadrage et rotation, contraste, luminosité, dé-pétouillage des poussières dans le cas d’un scan, netteté et bruit dans le cas d’une photo numérique. Assez peu d’opérations, soit l’image est suffisamment bonne au départ, soit il n’y a pas d’intérêt à y consacrer trop de temps.

3- Publication. Avec Lightroom, j’utilise deux modules d’exportation externe (vers flickr et vers Koken), et un ensemble pré-determiné de paramètres d’exportation vers d’autre cible (email, Owncloud, heritage impression …). Les modules d’exportation externes sont très pratiques: ils gèrent eux-même la connection, appliquent un jeu de paramètres de re-dimensionnement, et s’occupent du transfert.

Les prétendants

Trois prétendants Open Source, pour coller au but de repasser sous Linux: LightZone, darktable et RawTherapee.

LightZone

LightZone est maintenant Open-Source (BSD like): après un abandon du logiciel en 2011, le code a été libéré en 2013. Il est maintenant accessible sous Mac et Linux (et d’autres OS).

1- Bibliothèque. Comme la version originale, la partie “bibliothèque” de LightZone se limite à un explorateur d’arborescence de fichiers. Pas de tags, pas de collection.

2- Edition. C’est l’originalité de LightZone, une édition proche du labo photo : un vision des densités par “zone”, à la manière du Zone System, facilement manipulable à la souris. Combiné avec des outils pratique pour faire des masquages (outils de dessin vectoriel facile et intuitif), qui permet de séparer géographiquement les réglages. En fait on se retrouve avec un processus similaire à celui des masques et filtres sous l’agrandisseur en labo. C’est déroutant au premier abord, puisque c’est le seul logiciel (à ma connaissance) qui a cette approche, mais finalement assez intuitif pour manipuler des photos. L’édition se fait en empilant des couches successives de calques.

LightZone screenshot

Par contre, lors de mes tests, il m’a été impossible d’ouvrir mes fichiers Raw de scanner (DNG) avec LightZone. C’est vraisemblablement facilement réparable, parce que LightZone utilise  dcraw comme lecteur de fichier Raw, et en utilisant dcraw en ligne de commande j’ai pu convertir un fichier en TIFF, mais pour l’instant ça ne fonctionne pas. 

3- Publication. Le néant. On peut exporter les images en jpeg ou TIFF, mais c’est tout.

Darktable

Logiciel Open Source (GPL 3),  darktable tourne principalement sous Linux avec un port vers Mac.

1- Bibliothèque. Il y a la notion de tag (mot clé), et de collection. Ceci dit la collection dans darktable me semble être une sorte de critère de recherche: un collection de recherche par dossier, ou une collection associée à une metadata particulière (type d’appareil photo, auteur, ISO, objectif …). Je n’ai pas trouvé comment définir pour un ensemble de photos un nom de collection. Les tags ne sont pas hiérarchiques (Lieux -> Alpes -> Vercors).

2- Edition. Là aussi, j’ai un soucis d’import des DNG de sortie de scanner, impossible de visualiser les images. L’erreur doit être du même ordre que celle de LightZone, un matériel qu’il n’a pas été prévu de prendre en compte. Hormis ça, l’interface de traitement des photos est proches de Lightroom, avec les outils classiques de contraste, luminosité, bruit, les différentes courbes, corrections d’objectif et balance des blancs. Un plus notable par rapport à Lightroom, un module qui permet d’inverser l’image, pratique quand on scanne des négatifs.

3- Publication. Il y a un fonctionnement par module d’exportation, avec des cibles différentes : disque, email, galerie, flickr, facebook. Il est possible d’exporter un lot de photos, avec plein de formats accessibles (jpeg, TIFF, PPM …).  D’après la documentation, darktable est scriptable (en  Lua), il devrait donc être possible de créer un module d’exportation vers Koken.

RawTherapee

Logiciel Open Source aussi (GPL 3), RawTherapee tourne sous Linux, Mac et Windows.

1- Bibliothèque. La bibliothèque est principalement un explorateur de fichiers, avec une fonction de filtre sur les métadata. Il n’y a pas de notion de collections. Je n’ai pas trouvé de notion de tag non plus. On peut attribuer une note (de 1 à 5 étoiles) et un attribut de couleur aux images.

2- Edition. C’est la partie forte de RawTherapee, la multitude d’outils mis à disposition, et la multitude de réglages. C’est un logiciel qui se concentre sur l’édition d’image, du processus d’interpretation du Raw aux retouches de contraste, luminosité et autres détails de netteté. Les transformations fonctionnent par onglet, chaque onglet correspondant à un type de transformation, et contenant un certains nombre d’outils. Les onglets sont “Exposure”, “Detail”, “Color”, “Wavelet”, “Transform”, et “Raw”; Dans l’onglet “Exposure”, on trouve les outils pour l’exposition, la gestion des ombres et hautes lumières, des filtres gradués ou en vignettage, etc …

Screenshot RawTherapee

Il faut à mon avis passer du temps dans la  documentation de ce logiciel avant de pouvoir en apprécier toutes les possibilités.

3- Publication. Il y a un mécanisme de processing par lot, avec un système de queue de traitement. Je n’ai vu aucune mention d’un possible export ailleurs que vers un fichier jpeg ou TIFF en local.

So what ?

LightZone a une approche “labo” de l’édition, darktable intègre une sorte de bibliothèque (table lumineuse) et est scriptable (en particulier pour les exports), RawTherapee est le couteau suisse de l’édition de fichiers Raw. Mais pour l’instant, aucun ne combine les possibilités de Lightroom. 

Je vois tout de même quelques inconvénients à Lightroom:

  • pas d’inversion hormis les courbes (quand on scanne un négatif, il faut l’inverser);
  • pas d’attribution de profil ICC (scanner) aux images, il faut passer par une étape a priori (convert d’imagemagick, ou Photoshop);
  • ne tourne pas sous Linux.

Alors … pas de solution parfaite. Intégration contre spécialisation.

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