un manque certain de pratique
Il y a quelques temps, à la faveur de jours de congés, j’ai profité de l’occasion pour approfondir mes séries de photos en forêt. Ne voulant pas faire les choses à moitié, j’ai chargé une boite complète de Kodak Portra 160C (dix plan-films, donc cinq chassis), et six plan-films de Kodak 320TXP (trois chassis, c’est ma quantité pour le développement).
La Portra 160C est un négatif couleur qui a la réputation de bien encaisser les hautes lumières, donc des forts contrastes. Pourvu que le scanner suive, il est possible de trouver des détails en hautes lumières sans être complètement cramé. C’est donc un choix qui me semble logique pour de la forêt en hiver: la neige au sol amène un fort contraste avec soit des arbres très sombres comme les sapins, soit des troncs dépourvus de feuilles.
La 320TXP est un film négatif noir et blanc, qui encaisse bien aussi, et qui a un bon rapport qualité prix. Je le préfère aux films Foma, et les Fuji Acros 100 sont hors de prix.
Donc un matin j’ai tout chargé dans mes chassis, une opération répétitive et un peu fastidieuse, à faire à l’abri d’une tente de chargement.
Et je suis parti crapahuter avec quelques kilogrammes de matériel sur le dos, à choisir mes points de vue, cadrer, mesurer, marcher.
Au total pour ces deux ou trois jours, dix photos en Portra 160C uniquement, que de la couleur. Le noir & blanc ne m’avait pas inspiré. Fièrement de retour à mes activités habituelles (le boulot donc), je décharge tous mes chassis couleurs, et m’aperçois dépité que j’avais chargé tous mes films face arrière en avant, en dépit des marque de détrompage. Je me traite de buse illico. La couche anti-halo de la face arrière a dut faire fonction de filtre. Et je porte mes films à développer, pour discuter avec le labo. Ils me conseillent de ne tester qu’une photo, ce qui semble raisonnable.
Verdict: pas grand chose, une esquisse de photo, aucun détail ni contraste.
Donc, je recharge les neufs films (toujours Portra 160C, vous suivez ?) qui me restent à nouveau dans des chassis, face avant vers l’avant. Je vais les utiliser, et tant pis, laissons faire un peu le hasard, j’aurai vraisemblablement un image résiduelle en plus de la prochaine photo. Et je repars crapahuter, cette fois vers la tourbière du Peuil. Avec dans mon sac, cinq chassis couleur (dont un à moitié vide), trois chassis noir & blanc (du précédent chargement). Je passe cinq ou six heures à tourner, monter, descendre, glisser, attraper une tique … et je prends mes quinze photos.
De retour au logis, je décide de développer ces photos noir & blanc de la tourbière: certaines vont être magnifiques, des rocher énormes échoués au milieu de la forêt, dans des tons de gris sur fond de troncs gris; des alignements de sapinières, sombres et austères, mais tellement géométriques. Bref, ça va envoyer du bois.
Mais non. Les plans films noir & blancs aussi ont été chargés à l’envers. Par soucis de cohérence, vraisemblablement … Je me re-traite de buse.
Un développement forcé plus tard (deux fois plus longtemps), juste deux négatifs sont lisibles. Les autres sont quasiment complètement transparents. Manque de détail, contraste bizarre. Tant pis.
Voilà. Le manque de pratique régulière ne pardonne pas. Pour tous les détails, du chargement du film à la mesure de la lumière, en passant par l’obturateur qu’on oublie de refermer avant de mettre le film, le volet du chassis qu’on enlève du mauvais coté (toute ressemblance avec des erreurs ayant été faites n’est pas fortuite).
C’est en forgeant …